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“LA SÉCURITÉ PUBLIQUE EST LA MISSION RÉGALIENNE DE L’ÉTAT »

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Il y a depuis longtemps à Brest (29), une volonté des élus de ne pas avoir de police municipale. Yann Guével, maire-adjoint chargé de la tranquillité urbaine et de la prévention des risques nous explique ce choix…

Brest est l’une des rares villes en France de plus de 100 000 habitants à ne pas avoir de police municipale. Pourquoi ?  
C’est un choix politique, délibéré, de l’équipe municipale qui est partie d’un double constat :  
– Le sentiment d’insécurité dans une ville est souvent associé à l’occupation du domaine public, à des difficultés de partager cet espace et à des questions de tranquillité publique (alcool, cris, harcèlement). Là on est dans la sphère des pouvoirs de police du maire.
 – Le deuxième constat c’est que les gros problèmes de sécurité publique sont aujourd’hui, en particulier, associés au trafic de stupéfiants. Cela touche les métropoles mais aussi les villes moyennes. Et là c’est clairement la responsabilité de l’Etat de lutter contre les trafics et les dommages que cela entraîne.
L’équipe municipale a donc fait le choix de se concentrer sur ses compétences propres. Elle a laissé à l’Etat sa fonction régalienne de sécurité publique qui doit être exercée exclusivement par la police nationale. Nous refusons de mettre en place une police municipale qui deviendrait « supplétive » de la police nationale mais n’en aurait pas les pouvoirs. Nous n’acceptons pas le constat de l’insuffisance des effectifs de la police nationale et nous nous battons pour que ces effectifs soient augmentés.

Quels  moyens pour exercer les pouvoirs de police du maire à Brest ?
Les missions propres de la collectivité sont d’abord la prévention et la médiation. La loi nous donne des responsabilités donc nous assumons nos compétences en la matière et notre action va jusqu’à la répression lorsqu’elle est nécessaire en matière de circulation et de stationnement… Nous avons fait le constat, que très souvent, l’occupation de l’espace public, la marginalisation ont des facteurs multiples comme la désocialisation, l’alcoolisation voire des maladies psychiatriques… Nous sommes donc aussi face à des problèmes de santé publique. Les équipes de médiations urbaines ont pour mission d’intervenir le plus en amont possible des problèmes d’où les maraudes et l’ouverture d’un lieu d’accueil. Nous devons être dans la prévention, c’est pourquoi les équipes sont composées de travailleurs sociaux, d’éducateurs de rue, d’infirmiers psychiatriques… Ces compétences spécialisées sont possibles grâce à des partenariats rapprochés avec, par exemple le centre hospitalier universitaire. Des arrêtés pris par le maire comme l’interdiction de consommer de l’alcool sur la voie publique permettent à la police nationale de verbaliser. Enfin, pour les stationnements gênants et très gênants ou pour des stationnements en horaire dépassé, des agents assermentés verbalisent. Avec une limite pour les stationnements très gênants parce qu’ils ne peuvent mettre les véhicules en fourrière

Vous avez également opté pour la vidéosurveillance…
Ces caméras sont un des outils à disposition des acteurs publics. Pas une fin en soi. Là où elles peuvent être utiles, nous les utilisons et utiliserons. En effet, pour les caméras de vidéosurveillance, nous avons là aussi fait le choix de l’efficacité. Nous avons fait un état des lieux de l’existant (caméras dans les transports publics, les bâtiments publics voire privés) et nous équipons nos bâtiments publics vulnérables. En cas de besoin, la police a les moyens d’obtenir tous les enregistrements. Nous tenons aussi compte des expériences de vidéosurveillance sur la voie publique qui ont juste vu la délinquance se déplacer sans diminuer le nombre global des délits. Et à cela s’ajoute, pour nous, un vrai risque pour les libertés du citoyen si la voie publique est systématiquement sous surveillance, d’autant que les technologies évoluent et sont de plus en plus intrusives. Quelle société voulons-nous ?  

Quelles sont les prochaines actions prévues ?
Nos équipes de médiation vont être renforcées pour être présentes là où les besoins sont les plus grands comme par exemple en soirée. Nous réfléchissons aussi à créer un nouveau lieu d’accueil car la demande est forte depuis l’arrivée plus importante de migrants. Dans le cadre d’une convention avec le procureur de la République, le maire fera des rappels à l’ordre pour les jeunes mineurs, en présence des responsables légaux, pour « reposer le cadre, les limites ». Il a rencontré le Ministre de l’intérieur pour demander des effectifs plus nombreux de policiers. La ville est partenaire de cet effort par la mise à disposition de locaux et d’un travailleur social à mi-temps au commissariat de Brest, en particulier pour traiter les problématiques de nuit et la prise en charge de vacations de médecins pour améliorer le parcours des IPM ( Ivresses publiques et manifestes )

Que pensez-vous des compétences complémentaires proposées dans la loi « Engagement et proximité » actuellement en débat au Parlement ?  
Dans le débat sur la loi « Engagement et proximité » nous voyons bien la volonté de l’Etat de transférer une partie de ses missions aux collectivités mais nous ne souhaitons pas sa mise en œuvre. Ne serait-ce pas qu’un transfert de charges ? Permettre aux maires de mettre des amendes… A-t-on pensé aux maires des communes rurales pour qui la proximité avec les citoyens ne rend pas l’amende plus facile ! C’est vrai qu’il y a aujourd’hui, une pression forte pour créer cette police municipale de la part des services de l’Etat, des conseillers municipaux d’opposition et d’une partie de la population mais nous maintenons que la sécurité publique est la mission régalienne de l’Etat et que nous devons nous concentrer sur notre champ de compétences et renforcer pour cela les moyens mis en œuvre. « On va là où on est efficace »
 

Propos recueillis par Annie Pivette
Yann Guével, maire-adjoint chargé de la tranquillité urbaine et de la prévention des risques
2, rue Frézier
29238 Brest cedex 2
02 98 00 80 80
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